Sept Français sur dix sont opposés à la systématisation d’un reste à charge pour le bénéficiaire, dans le cadre de la mobilisation de son CPF pour financer un parcours professionnalisant et certifiant. Selon un sondage Ipsos publié jeudi 8 décembre 2022 par Wall Street English, ils sont encore plus nombreux (92 %) à souhaiter que l’activation des droits n’induise pas d’avertir en amont leur employeur. En revanche, 83 % des sondés soutiennent l’instauration d’un reste à charge pour les bénéficiaires qui ne termineraient pas le parcours.


Alors que l’instauration d’un reste à charge pour certaines formations déterminées par une liste a été ajoutée au PLF 2023 par les sénateurs sans opposition du gouvernement (lire sur AEF info), 69 % des Français sont opposés à la systématisation de cette mesure, notamment s’il s’agit de financer un parcours pour une montée en compétences, selon le sondage publié jeudi 8 décembre 2022 par Wall Street English. "Cette opposition est d’autant plus forte au sein des catégories socioprofessionnelles inférieures (73 %) ou chez les Français dont le niveau de diplôme est inférieur au bac (74 %)", souligne le sondage réalisé par Ipsos auprès de 1 500 personnes. Réalisée le 28 et 29 novembre 2022, cette enquête est publiée le jour de la remise au gouvernement de la "contribution paritaire" sur la soutenabilité financière du système de formation professionnelle et qui comprend des propositions relatives au CPF (lire sur AEF info).

À lire ces résultats, le pari de la réforme du 5 septembre 2018 sur la désintermédiation de l’accès à la formation est réussi, dans la mesure où 94 % des Français connaissent le CPF (+27 points par rapport à 2019) et 70 % savent précisément ce dont il s’agit. Ils sont également 92 % à saluer le fait que le CPF soit mobilisable sans en informer au préalable l’employeur. "Les Français appellent de manière claire à ce que leur compte de formation demeure personnel et font part de leur aspiration à se former pour rendre leur profil plus compétitif (36 % des actifs)." Chez les moins de 35 ans, cette aspiration concerne une personne sur deux, "preuve que la formation continue gagne du terrain auprès des nouvelles générations".

LA RESPONSABILISATION EST PLÉBISCITÉE

Si les Français sont majoritairement opposés à la systématisation du principe de reste à charge pour les financements de parcours professionnalisants, ils souscrivent encore plus massivement à l’idée de responsabilisation des bénéficiaires. Ainsi, 83 % soutiennent la mise en place d’un reste à charge pour les actifs qui ne termineraient pas leurs parcours. Cette proportion est de 75 % pour ceux qui ont un niveau inférieur au bac, de 83 % pour ceux qui ont le niveau bac et de 86 % au-delà.

L’enquête témoigne par ailleurs d’un attachement au principe d’équité dans l’accès à la formation professionnelle. Les Français sont 73 % à soutenir une exonération du reste à charge, si ce système était mis en place, pour les catégories les plus modestes (ouvriers, employés et demandeurs d’emploi). Un sujet qui semble faire consensus dans les différentes catégories sociales, dans la mesure où c’est

le cas pour 71 % de ceux appartenant à une CSP+ et pour 74 % de ceux appartenant à une catégorie inférieure. Le niveau de diplôme impacte également très faiblement ces résultats, puisque 74 % des actifs qui ont un niveau bac sont favorables à cette proposition, 75 % de ceux qui ont un niveau bac et 73 % de ceux dont la qualification est supérieure.